Kûrma Nâdî

Kûrma Nâdî

Publié le 02/10/2023

 

Yoga Sutra de Patanjali

III.31- "Kûrma Nâdyâm Sthairyam "– en la rivière de la tortue : stabilité. 

Cette partie du corps que l’on nomme en yoga « kûrma Nâdyam » s’étend du sommet de la fourchette sternale à sa pointe, elle inclut tout cet espace de la cage thoracique qui s’attache à l’avant au sternum et à l’arrière du tronc aux vertèbres dorsales. Le diaphragme représente son socle et la fontaine de la gorge son sommet.  

Comme nous avons pu l’observer lors de nos séances de yoga, cette zone de notre corps peut être : souple, ouverte, libre, forte, ou au contraire : raide, fermée et faible. 

L’attention portée sur la poitrine durant notre pratique de yoga,  nous permet dans un premier temps d’observer cette région du corps où nombre de symptômes de nature psychologique sont ressentis et viennent s’y loger. Et comme nous le savons, les postures physiques peuvent dériver d’états mentaux. La cage thoracique (le sternum son épée), est souvent représentée à l’image de notre armure, à la façon que nous avons de conquérir le monde et aussi à notre carapace qui nous protège et nous enferme parfois. Les émotions de base (colère, peur, tristesse, dégoût, joie, surprise) même si corporellement elles se concentrent vers des zones particulières, fonction de l’émotion et de son intensité , elles sont souvent associées à une activité accrue dans la poitrine, en raison des modifications dans le rythme respiratoire ou cardiaque.

Avec l’ensemble des outils que nous propose le yoga, nous pouvons agir sur la mobilité de cet espace de notre poitrine qui protège nos poumons et notre cœur, pour y maintenir ou y retrouver une certaine quiétude.

En explorant cet espace de la cage thoracique à l’aide des techniques corporelles et respiratoires du yoga, par la prise de conscience des actions de compression et d’expansion, des rythmes et des paliers respiratoires progressifs,  les mouvements libres, fluides, amples et subtils du diaphragme, le travail subtil et conscient de la respiration, l’ouverture et à la fermeture de la cage thoracique dans différentes variations posturales, les  manœuvres de redressement dorsal, de correction,  d’alignement du corps et de renforcement, nous parvenons à mieux ressentir cette région, à y distinguer plus finement ses différentes parties et à nous alléger en douceur de toutes sensations de blocages physiques et émotionnels qu’ils soient conscients ou inconscients.

La pratique du "Samyama"* sur cette région où un nombre important de flux circulent (« Nâdi » : rivière, courant, canal, nerf, artères, veines, tiges creuses), l’investigation sur les sensations qu’on y éprouve dans différents états physiques et psychiques donne les moyens d’agir pour cultiver la stabilité, même dans des situations de grande tension.

Patanjali nous dit dans ce sutra que l’obtention de cette qualité de stabilité est possible grâce à l’exploration en profondeur du torse. Que toutes ces actions produisent des changements réels sur le plan de la personnalité, de la conscience de notre potentiel intérieur et nous permettent de développer cette stabilité "Sthairyam", fermeté, solidité, permanence, persévérance que nous recherchons tous dans notre vie en mouvement et en adaptation constante. 

* Samyama : concentration, contemplation, culmination

En vous souhaitant à toutes et à tous une joyeuse pratique et une bonne et heureuse nouvelle année 2020 sous le signe de la force tranquille. 

Namasté 

Vincente 

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